Sympathectomie thoracique et éreutophobie : efficacité et effets secondaires

Éreutophobes : dessins de visages de personnes qui rougissent en public

Pourquoi un article sur l’éreutophobie sur ce blog consacré à l’hyperhidrose ? L’éreutophobie est le fait de rougir en public plus souvent que la moyenne. C’est une maladie très gênante socialement, comme la transpiration excessive. Surtout, le traitement de dernier recours, la chirurgie par sympathectomie, est le même que pour l’hyperhidrose. Faisons le point sur tout ce que l’on sait aujourd’hui sur la chirurgie de l’éreutophobie.

Comment fonctionne la chirurgie de l’éreutophobie ?

La peur de rougir en public et le fait de rougir plus que la moyenne est lié à un déréglement du système nerveux sympathique. Ce système est composé d’un ensemble de neurones et de nerfs qui font que les personnes rougissent ou non quand il s’active ou se désactive. C’est aussi ce système qui régule la transpiration et qui est déréglé en cas d’hyperhidrose.

L’opération de l’éreutophobie joue donc sur ce système. C’est pour cela qu’elle s’appelle sympathectomie – littéralement ablation du système sympathique. En pratique, les nerfs de ce système sont bloqués ou partiellement coupés. L’intervention est pratiquée au niveau du thorax, car c’est à ce niveau que les nerfs commandent le fait de rougir. C’est pour cela qu’on parle de sympathectomie thoracique.

Cette chirurgie est-elle bien connue ?

Lorsqu’on cherche des études scientifiques sur l’éreutophobie, on s’aperçoit vite que la peur de rougir est moins étudiée que la transpiration excessive. Dans la base de donnée la plus grosse en médecine, “blusing” (rougissement) est trouvé 366 fois contre 4636 fois pour “hyperhidrosis” (hyperhidrose). Comme l’hyperhidrose est déjà peu étudiée par rapport à des maladies aussi fréquentes, on peut donc en conclure que l’éreutophobie est peu étudiée.

Concernant plus spécifiquement la chirurgie de l’éreutophobie, il y a 92 études recensées (mots clés sympathectomy blushing). Contre 1 244 pour la sympathectomie de l’hyperhidrose (mots clés sympathectomy hyperhidrosis). La première étude sur l’opération de l’éreutophobie date de 1985. Elle s’intitule Treatment of sweating and blushing by endoscopic surgery (Traitement de la transpiration et des rougissements par endoscopie chirurgicale).

Quelle est l’efficacité de la sympathectomie thoracique ?

Une synthèse de la littérature scientifique parue en 2017 recense les différentes études s’intéressant à l’efficacité de la sympathectomie contre l’éreutophobie. En tout, 9 études existent. Dans ces 9 études, 1 369 patients au total ont été évalués.

Les patients étaient âgés de 8 à 74 ans. Il y avait plus de femmes (56 %) que d’hommes opérés. Les patients étaient suivis jusqu’à 6 à 30 mois après l’opération, en moyenne 21 mois. Cela signifie que qu’on a le recul de l’effet de l’intervention jusqu’à environ 2 ans.

Y avait-il des personnes totalement satisfaites de l’opération ? Oui : 84 % des gens étaient totalement satisfaits (selon les études, entre 71 % et 96 %).

Y avait-il des éreutophobes qui regrettaient l’intervention ? La réponse à cette question est aussi malheureusement positive. La proportion estimée de gens la regrettant était de 7 % (entre 2 % et 11,5 % selon les études).

Pourquoi certaines personnes regrettaient l’intervention ? Deux principales causes peuvent être évoquées : une diminution des rougeurs insuffisantes mais aussi des effets secondaires trop importants.

Je synthétise des informations sur la sympathectomie

Quels sont les effets secondaires de la chirurgie ?

Les deux effets secondaires les plus fréquents de la sympathectomie sont les suivants.

  • L‘hyperhidrose compensatrice. Cela signifie que les personnes opérées transpirent de certaines parties du corps suite à la chirurgie. Les parties du corps concernées sont le plus souvent les pieds, le visage, les fesses et le dos. La transpiration est jugée excessive. Elle est plus importante que celle de la plupart des gens. Il n’est pas possible de revenir ensuite en arrière. Cependant, des traitements non chirurgicaux contre la transpiration existent. Un nombre élevé de personnes opérées en sont atteints : 74,18 % (en moyenne selon les études, entre 58 et 90 %). Une opération est proposée contre l’hyperhidrose compensatrice.
  • L‘hyperhidrose gustative. Cette complication arrive moins souvent mais reste tout de même fréquente : 24 % des éreutophobes opérés en sont atteints (12 à 36 % en moyenne selon les études). Lorsqu’on en est atteint, on transpire excessivement après avoir mangé certains aliments (souvent des épices) des lèvres, du nez et du front.

Conclusion : faut-il se faire opérer contre l’éreutophobie ?

Comme toujours, il est très difficile de trancher définitivement sur la question. C’est à chaque personne d’évaluer les bénéfices et les risques possibles dans son cas de la chirurgie. Les statistiques de fréquence de satisfaction et d’effets indésirables suites à la sympathectomie thoracique peuvent aider chaque personne à faire son choix.

Idéalement, ces statistiques devraient être présentées et discutées par chaque chirurgien avant de réaliser l’intervention. Ainsi, la personne pourrait décider ou non de l’intervention en ayant le maximum d’informations tirées des études scientifiques sur le sujet. Il est aussi bien sûr possible de lire des témoignages suite à l’intervention, qui peuvent donner une illustration plus concrète de ces chiffres statistiques. Il sera en revanche difficile d’en trouver plus de 1 000, alors que les études portent au total sur plus de 1 000 patients.

Avant de recourir à l’éreutophobie, il est aussi recommandé de tester d’autres traitements aux résultats moins définitifs : les thérapies cognitivo-comportementales contre l’éreutophobie ou les médicaments oraux.

Vous souhaitez être averti lors de la publication d’un nouvel article sur l’hyperhidrose ?

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livre en français sur la transpiration excessive (hyperhidrose) : les solutions, des témoignages

Références

Girish Girish, Rovan E D’souza, Preethy D’souza, Melissa G Lewis & Daryll M Baker (2017) Role of surgical thoracic sympathetic interruption in treatment of facial blushing: a systematic review,Postgraduate Medicine, 129:2, 267-275. Résumé ici.

fondatrice de l'observatoire de l'hyperhidrose

Publié par Nelly Darbois

J’ai fondé l’Observatoire de l’hyperhidrose en 2012. Mon but est de diffuser des informations plus fiables et précises sur la transpiration excessive que ce qu’on peut lire sur de nombreux sites internet, pour tenter de faciliter la vie des personnes atteintes.

Je suis aussi kiné et rédactrice scientifique pour Fonto Media, j’habite en Savoie 🌞❄️.

Publié par Nelly Darbois

J'aime écrire des articles qui répondent aux questions des internautes en me basant sur mon expérience et des recherches approfondies dans la littérature scientifique internationale. J'habite en Savoie 🌄❄️, je suis rédactrice professionnelle pour mon site sur la santé et la communication, Fonto Media

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