Vous êtes nombreuses et nombreux à vous interroger concernant le danger associé à l’utilisation d’un appareil à ionophorèse. Je fais le point aujourd’hui sur tout ce qu’on sait sur la sécurité de ces appareils, les effets secondaires éventuels.
Vous verrez que l’on a aujourd’hui plusieurs décennies de recul sur la ionophorèse, et qu’il s’agit d’un traitement avec peu d’effets secondaires reportés contrairement à d’autres traitements contre l’hyperhidrose.
Sommaire
- A-t-on beaucoup de recul sur la ionophorèse ?
- Quels sont les dangers décrits de la ionophorèse ?
- La douleur est-elle fréquente quand on utilise l’ionophorèse ?
- Comment éviter la douleur lors d’une séance d’ionophorèse ?
- Quels sont les effets secondaires de la ionophorèse ?
- Y a-t-il un danger à fabriquer soi-même un appareil d’ionophorèse ?
A-t-on beaucoup de recul sur la ionophorèse ?
C’est clairement le traitement de l’hyperhidrose sur lequel on a le plus de recul.
Le graphique ci-dessous retrace toutes les études publiées dans la littérature médicale internationale sur l’ionophorèse contre l’hyperhidrose. Il montre que :
- on a probablement utilisé l’ionophorèse sur des patients atteints d’hyperhidrose dès les années 1940 ;
- l’ionophorèse a commencé à être plus utilisée et testé dans les années 1960-1980 ;
- l’ionophorèse est encore plus utilisée et testée depuis les années 2000 ;
- il existe 63 publications internationales qui traitent de l’efficacité et des dangers éventuels de l’ionophorèse contre l’hyperhidrose. Mais aucune sur l‘ionophorèse sur le visage.
Quels sont les dangers décrits de la ionophorèse ?
Lorsqu’on teste l’efficacité d’un dispositif médical, on doit relever au moins 2 choses :
- ses résultats positifs, attendus ou non : est-ce que les personnes transpirent moins ? Leur qualité de vie est-elle meilleure ?
- ses résultats négatifs hypothétiques, appelés souvent effets secondaires ou effets indésirables. Ou encore, les dangers auxquels il expose.
Ces effets secondaires ne sont pas spécifiques aux médicaments. Tout dispositif médical ou même intervention en santé peut potentiellement déclencher ce type d’effet non souhaité.
Qu’en est-il pour l’ionophorèse ?
La plupart des études l’étudiant ont pris le temps de relever ces éventuels effets secondaires. Voici la conclusion la plus fréquente que l’on trouve à leur sujet :
Minimal undesirable effects such as mild skin irritation and erythema were noted but none were severe enough to necessitate discontinuation of treatment
Siah 2013
Traduction : des effets indésirables minimes tels qu’une légère irritation et un érythème cutanés ont été notés, mais aucun n’était suffisamment grave pour nécessiter l’arrêt du traitement.
Un rapport de 1996 rendu par la Commission de sécurité des Consommateurs rend compte des défauts des appareils à ionophorèse disponibles à l’époque sur le marché français. Deux risques théoriques avaient été mis en évidence :
- risques d’électrisation, aggravé du fait que le patient a les pieds, ou les mains, immergés dans un liquide conducteur), d’autant que les séances sont bien souvent pratiquées à domicile dans la salle de bain ou la cuisine (proximité d’un point d’eau) ;
- dans la majorité de ces cas le courant transite dans la région cardiaque et peut donc avoir une action sur le cœur.
Notez qu’il s’agit bien de risque théorique : dans la littérature médicale, aucun cas d’électrocution ou de problème cardiaque suite à l’utilisation de l’ionophorèse n’a été reporté à ma connaissance.
Ce rapport énonçait l’importance de repréciser les normes que devaient suivre les appareils à ionophorèse pour recevoir homologation CE et prévenir le maximum de risque. C’est notamment pour cela que l’ionophorèse n’est pas recommandée chez les personnes portant des dispositifs cardiaques.
La douleur est-elle fréquente quand on utilise l’ionophorèse ?
Tout dépend de comment vous utilisez l’appareil. Plus vous réglez l’intensité à un niveau élevé, plus cela peut être potentiellement douloureux, mais aussi efficace. C’est à vous de trouver le bon ratio : pas trop douloureux, mais assez efficace.
Environ 1 personne sur 4 relate des douleurs lors d’une séance d’ionophorèse. Douleur qui disparaît dès l’arrêt des séances, ou dans les minutes qui suivent.
Comment éviter la douleur lors d’une séance d’ionophorèse ?
Il y a plusieurs choses que vous pouvez faire :
- évitez de porter tout bijou ou accessoire rentrant en contact avec l’eau ;
- trouvez le réglage optimal en termes d’intensité ;
- appliquez de la crème isolante sur toute blessure ou micro-coupure qui va être en contact avec l’eau ;
- appliquer de la crème isolante à l’endroit où votre peau rentre en contact avec l’eau : c’est là où il y a le plus souvent des rougeurs et démangeaisons.
Les crèmes dites isolantes peuvent s’acheter dans n’importe quelle grande surface, en pharmacie, parapharmacie ou via internet.
Au fur et à mesure que vous utilisez l’appareil, vous arriverez à trouver les astuces qui marchent.
Quels sont les effets secondaires de la ionophorèse ?
Voici les principaux effets secondaires relatés :
- paresthésies, sensations de picotements (88%) ;
- prurit (démangeaisons) (26%) ;
- douleur (26%) ;
- érythème (rougeurs) (14%) ;
- brûlure (1/ 50 000), formation de vésicules ou dermabrasions (2%).
Il s’agit d’effets secondaires qui disparaissent dans les minutes, heures ou jours qui suivent les séances d’ionophorèse, sans rien faire de particulier.
Il faut bien les mettre en lien avec les bénéfices que l’on peut tirer de la ionophorèse : les bénéfices éventuels valent-ils les risques éventuels ?
Y a-t-il un danger à fabriquer soi-même un appareil d’ionophorèse ?
Plusieurs études publiées dans la littérature médicale présentent les intérêts d’un appareil à ionophorèse fabriqué sur mesure, particulièrement dans les pays où l’accès aux appareils homologués est trop difficile ou coûteux.
Ces appareils sont alors fabriqués par des ingénieurs ou des personnes ayant des connaissances avancées en électronique. C’est à chaque personne qui souhaite fabriquer soi-même son appareil de mesurer les avantages et les risques qu’elle y trouve.
Dans tous les cas, fabriquer soi-même son appareil à ionophorèse nécessite des connaissances minimales en électricité et électronique. La lecture des publications académiques et du rapport de la commission de sécurité des utilisateurs peut aider à identifier et prévenir les risques (cf ci-dessous la parte sources documentaires).
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📕 Sources documentaires 📕
Commission de la sécurité des utilisateurs, 1996. Avis relatif aux appareils à ionophorèse (ici).
Recherches bibliographiques sur Pubmed
Siah TW, Hampton PJ. The effectiveness of tap water iontophoresis for palmoplantar hyperhidrosis (hyperhidrose palmo plantaire) using a Monday, Wednesday, and Friday treatment regime. Dermatol Online J. 2013 Mar 15;19(3):14. PMID: 23552011.
Nagar R, Sengar SS. A Simple User-made Iontophoresis Device for Palmoplantar Hyperhidrosis. J Cutan Aesthet Surg. 2016 Jan-Mar;9(1):32-3. doi: 10.4103/0974-2077.178542. PMID: 27081247; PMCID: PMC4812886.
Antrum JHG, Allison K. Iontophoresis burns: a peculiar cutaneous injury from a diagnostic sweat test for cystic fibrosis. BMJ Case Rep. 2019;12(6):e228139. Published 2019 Jun 8. doi:10.1136/bcr-2018-228139
Dagash H, McCaffrey S, Mellor K, Roycroft A, Helbling I. Tap water iontophoresis in the treatment of pediatric hyperhidrosis. J Pediatr Surg. 2017 Feb;52(2):309-312. doi: 10.1016/j.jpedsurg.2016.11.026. Epub 2016 Nov 14. PMID: 27912978.

Publié par Nelly Darbois
J’ai fondé l’Observatoire de l’hyperhidrose en 2012. Mon but est de diffuser des informations plus fiables et précises sur la transpiration excessive que ce qu’on peut lire sur de nombreux sites internet, pour tenter de faciliter la vie des personnes atteintes.
Je suis aussi kiné et rédactrice scientifique pour Fonto Media, j’habite en Savoie 🌞❄️.