Hyperhidrose et syndrome prémenstruel (SPM)

Infographie sur le lien entre hyperhidrose et spm

Il y a quelques mois, je relayais les résultats d’une étude sur l’association entre la transpiration excessive et le syndrome prémenstruel (SPM). Mon lectorat s’est beaucoup intéressé au sujet, et j’ai donc décidé de délivrer plus d’informations sur le sujet.

Surtout, en quoi les résultats de cette étude sont-ils intéressants pour les personnes atteintes d’hyperhidrose (homme ou femme) ? C’est la question à laquelle je tacherai de répondre.

Sommaire

Qu’est-ce que le syndrome prémenstruel (SPM) ?

Le syndrome prémenstruel (SPM) (ou trouble dysphorique prémenstruel) est le nom donné à un ensemble de gènes ressenties :

  • par les personnes de sexe féminin (la fréquence de femmes atteintes oscille entre 10 et 90% selon les études !) ;
  • à partir de la puberté et jusqu’à la ménopause ;
  • à partir de l’ovulation (environ 2 semaines avant les règles) et jusqu’à la fin des règles.

Ces gènes peuvent être :

  • des douleurs, surtout dans le ventre et la poitrine ;
  • des troubles de l’humeur ;
  • des éruptions cutanées ;
  • sensation de jambes lourdes ;
  • bouffées de chaleur ;
  • nausées ;
  • etc.

La cause du SPM ? Les modifications des hormones sécrétées dans le corps, particulièrement de la progestérone. Mais pas seulement. Le fonctionnement de notre cerveau fluctue aussi au fil du cycle menstruel chez la femme, et notamment le système parasympathique.

En gros, nous avons :

  • un cerveau (système nerveux central), décomposé en :
    • un système nerveux autonome (fonctions automatiques de régulation, telles que la transpiration !) ;
    • un système nerveux somatique (mouvements et sensations volontaires et conscientes) :

Et dans le système nerveux autonome, nous avons :

  • le système nerveux sympathique ;
  • le système nerveux parasympathique ;
  • le système nerveux entérique.

Chacun de ces systèmes a des fonctions particulières (telles que la régulation de la transpiration), mais il agissent bien sûr aussi en interaction (ou contradiction !).

Ce n’est pas très grave si ces notions vous paraissent un peu obscures. Cela reste complexe même pour des gens comme moi qui ont étudié le sujet des années durant ! Et cela ne vous gênera pas pour comprendre le reste de cet article !

Le syndrome prémenstruel (SPM) entraîne des douleurs et des gènes physiques et psychiques autour de la période des règles chez la femme. Des modifications hormonales et des variations d’activité du système nerveux en sont responsables.

Pourquoi se demander si syndrome prémenstruel et hyperhidrose sont souvent associés ?

Les causes de l’hyperhidrose sont similaires aux causes du syndrome prémenstruel. En effet, les personnes atteintes d’hyperhidrose primaire ont aussi :

  • des modifications hormonales ;
  • des modifications du fonctionnement du système parasympathique.

L’équipe de recherche qui a réalisé cette étude sur SPM et hyperhidrose est partie de ce constat : un dérèglement du système nerveux autonome est à l’origine de ces deux pathologies. Étudier leur lien peut donc potentiellement améliorer la connaissance de ces deux maladies et donner des pistes de solution pour les traiter et les prévenir.

De plus, il semble logique de penser que les personnes souffrant d’hyperhidrose ont plus souvent un SPM, du fait de ce dérèglement du système sympathique. Mais est-ce que ce raisonnement théorique qui paraît logique se retrouve réellement dans la vie ? Est-ce que les gens atteints d’hyperhidrose ont vraiment plus souvent un SPM ?

Le SPM tout comme l‘hyperhidrose sont liés à un dérèglement du système nerveux sympathique. Étudier le lien entre ces deux pathologies peut permettre de mieux les comprendre, les prévenir et les traiter.

Comment l’équipe de recherche a trouvé un lien entre hyperhidrose et SPM ?

L’équipe de recherche de cette étude est taïwanaise. Ils ont donc regardé tous les nouveaux cas d’hyperhidrose primaire diagnostiqués à Taïwan entre 2000 et 2015. Ils ont ensuite regardé si ces personnes développaient un SPM dans les années qui suivaient leur diagnostic de transpiration excessive.

Ils ont comparé la fréquence de SPM survenue chez les personnes diagnostiquées d’hyperhidrose primaire, par rapport à la fréquence du SPM chez les femmes de même âge mais sans diagnostic d’hyperhidrose primaire.

Il y avait statistiquement plus femmes atteintes de syndrome pré menstruel chez les personnes atteintes d’hyperhidrose :

  • 0,88 % de SPM chez les femmes avec hyperhidrose ;
  • 0,53% de SPM chez les femmes sans hyperhidrose.
Figure montrant que l'hyperhidrose et le SPM sont plus souvent associés
Voici la figure qui montre que les personnes atteintes d’hyperhidrose (courbe noire) sont plus susceptibles au fil des années de développer un syndrome pré-menstruel, par rapport aux personnes non atteintes de transpiration excessive (courbe en pointillé)

Il suffit de comparer la fréquence de survenue de SPM chez les femmes atteintes d’hyperhidrose par rapport à celles non atteintes pour savoir si les personnes atteintes d’hyperhidrose ont plus de risque d’avoir un SPM.

Quels sont les risques que j’ai un SPM en plus de l’hyperhidrose ?

Cette étude taïwanaise nous permet d’estimer le risque qu’une personne atteinte d’hyperhidrose ait aussi un SPM, à condition que ses résultats soient généralisables aux populations des autres pays et d’autres origines ethniques que chinoise.

Ce risque ajusté est de 1,276. Qu’est-ce que cela signifie ? Que la probabilité d’avoir un SPM dans les 15 ans qui suivent un diagnostic d’hyperhidrose primaire est 28% plus élevée chez les personnes qui ont eu ce diagnostic par rapport à celles qui n’ont pas de diagnostic d’hyperhidrose primaire.

Ce risque est plus important chez les personnes qui ont, en plus de l’hyperhidrose :

  • de l’anxiété (risque = 1,286) ;
  • du diabète de type 2 (risque = 1,301) ;
  • une obésité (risque=3,321) ;
  • une fibromyalgie (risque = 3,568).

Les femmes chez qui on diagnostique de l’hyperhidrose primaire ont 28% de risque en plus d’avoir un diagnostic de SPM dans les 15 ans qui suivent par rapport à celles qui n’ont pas de diagnostic d’hyperhidrose primaire.

Qu’est-ce que cela nous dit de plus de l’hyperhidrose ?

Cette étude donne encore plus de poids à l’hypothèse qu’un dérèglement du système nerveux autonome est en grande partie responsable de l’hyperhidrose primaire, chez l’homme comme chez la femme.

Ces résultats pourraient encourager les équipes de recherche travaillant sur l’hyperhidrose à s’intéresser aux moyens d’agir sur ce système nerveux autonome pour le réguler. Que ce soit par des médicaments (comme avec l’oxybutynine / (Ditropan) ou le glycopyrrolate/(Robinul, Avert)), comme par biais de thérapies non médicamenteuses.

Peut-on envisager des thérapies non médicamenteuses pour agir sur le système nerveux autonome et donc diminuer l’hyperhidrose ? Oui. C’est le car par exemple de ces activités, qui ont un impact sur le système autonome :

  • l’activité physique, notamment en endurance ;
  • les pratiques visant la relaxation (type méditation) ;
  • les thérapies cognitivo-comportementales.

Reste à savoir maintenant si ces pratiques ont un véritable effet sur l’hyperhidrose, avec quel niveau et fréquence de pratique, et quelle est la taille et la durée de cet effet !

Souhaitons que nous en sachions plus dans les mois ou années à venir. Sachez que je sauterai sur l’occasion pour vous en parler ici !

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📕 Référence scientifique 📕

Cheng CA, Liang YC, Chang YH, Cheng CG, Chung CH, Chien WC. Increased Incidence of Premenstrual Syndrome in Females with Palmar Hyperhidrosis. Int J Environ Res Public Health. 2021;18(9):4697. Published 2021 Apr 28. doi:10.3390/ijerph18094697

Publié par Nelly Darbois

J’aime écrire des articles qui répondent à vos questions. En me basant sur mon expérience de kiné (diplômée en 2012) & rédactrice scientifique (diplômée en 2017), et sur des recherches approfondies dans la littérature scientifique internationale. J’habite en Savoie 🌞❄️, où j’ai crée Fonto Media, un média en ligne de ressources sur la santé et la communication.

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