Je suis très souvent contactée par des parents d’enfants qui ont de l’hyperhidrose. Plus souvent par des mamans d’ailleurs. Parfois, les parents en ont aussi, parfois pas. Dans tous les cas, les parents se demandent la chose suivante : comment faire en sorte que mon enfant ne soit pas gêné par sa transpiration, comme moi je l’ai été ? Ou bien, comment stopper la transpiration excessive chez l’enfant ?
J’avais déjà répondu aux questions sur l’hyperhidrose chez l’enfant en 2013. Aujourd’hui, je prends le temps d’écrire un nouvel article à ce sujet car plusieurs études sont parues spécifiquement chez l’enfant. On dispose donc de nouvelles données pour aider les parents d’enfants atteints d’hyperhidrose, et bien sûr les enfants. De plus, elles aident à comprendre aussi mieux l’hyperhidrose chez l’adulte.
Voici donc ces nouvelles informations.
♻️ Dernière mise à jour : janvier 2023.
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Sommaire
Comment se manifeste l’hyperhidrose chez l’enfant
Des chercheuses et chercheurs suédois ont publié une étude en accès libre et gratuit sur l’hyperhidrose chez l’enfant. Au total, 370 enfants entre 2009 et 2011 ont été interrogé sur leur hyperhidrose. Qu’est-ce que cela nous apprend sur la transpiration excessive chez l’enfant ?
1. Surtout les mains et les pieds
Ce sont surtout les mains et les pieds qui sont atteints chez l’enfant. La majorité des enfants sont atteints à deux endroits du corps, certains à un seul ou trois endroits, et une minorité à plus de trois endroits.
Les localisations de la transpiration excessive chez l’enfant les plus fréquentes sont (de la plus fréquente à la moins fréquente) :
- mains
- aisselles
- pieds
- visage et tête
- nez
- buste
- jambes
- bras

On voit que chez les enfants (moins de 12 ans), la transpiration excessive est surtout sur les mains et les pieds. A partir de 12 ans, les adolescent.es rapportent moins de transpiration excessive des mains et des pieds, mais plus des aisselles. L’hyperhidrose des autres parties du corps est globalement stable dans le temps.
2. L’hyperhidrose est héréditaire
Une majorité des enfants (194 / 370) ont un des parents aussi atteint d’hyperhidrose.
3. Le stress, la chaleur et l’effort aggravent l’hyperhidrose
Sans surprise, une grande majorité des enfants (respectivement 261 et 250) rapportent une augmentation de leur hyperhidrose provoquée par :
- le stress
- la chaleur et l’effort physique.
Les enfants arrivent aussi à identifier d’autres choses qui aggravent leur transpiration comme la température froide, une pression sur leur peau ou encore l’alimentation.
4. L’hyperhidrose diminue surtout l’estime de soi des enfants et adolescents
Les chercheuses et chercheurs ont demandé aux enfants et adolescents en quoi la transpiration excessive avait un impact sur leur vie. Voilà dans l’ordre les réponses les plus fréquentes qu’ont donné les enfants :
- estime de soi
- choix vestimentaires
- contacts physiques
- impact pratique
- interactions sociales
- hygiène.

Quel est le traitement de l’hyperhidrose chez l’enfant
Il existe des études qui testent l’efficacité des différents traitements de l’hyperhidrose spécifiquement chez l’enfant : les anti-transpirants à base d’aluminium, la ionophorèse, les médicaments ou encore l’opération par sympathectomie. En voici une synthèse.
1. Les anti-transpirants chez l’enfant
Les anti-transpirants sont les traitements de premier choix pour l’adulte atteint de transpiration excessive des aisselles, voire même des pieds et des mains. Il existe dorénavant (août 2021) des études testant l’efficacité d’anti-transpirants chez l’enfant.
Ils ne sont pas contre-indiqués et il n’y a aucune raison de penser que, utilisés avec précaution, ils soient dangereux pour l’enfant et l’adolescent.
Il est possible de tester l’efficacité d’un anti-transpirant, par exemple chez un adolescent qui souffre de transpiration excessive des aisselles.
Certains anti-transpirants ont été testés chez l’enfant.
2. La ionophorèse chez l’enfant
La ionophorèse est un traitement de l’hyperhidrose qui existe depuis les années 80. Il est surtout utilisé contre la transpiration des mains et des pieds. Dans les études qui testent sont efficacité, des enfants sont aussi parfois testés. Par exemple, dans une étude menée à Singapour et publiée en 2017, les personnes sur qui a été utilisée la ionophorèse ont entre 9 et 65 ans.
Il existe aussi 2 études qui testent l’ionophorèse spécifiquement sur les enfants : une étude sur l’ionophorèse chez l’enfant publiée en 2017 et réalisée au Royaume-Uni, une autre publiée en 2014 réalisée en Turquie. Ces études nous apprennent que :
- l’ionophorèse est utilisée chez l’enfant à partir de 8 ans ;
- l’ionophorèse a été pratiqué chez plusieurs centaines d’enfants et d’adolescents (ces derniers étant plus nombreux) ;
- une diminution de l’hyperhidrose survient chez 84 % des enfants après 5 à 7 séances ;
- il y a des effets secondaires chez presque tous les enfants pendant les séances : fourmis dans les mains, douleurs, rougeurs, démangeaisons, sécheresse, et dermabrasions pour 1 enfant ;
- après 3 mois de séances (initialement 5 par semaine, puis 1 par semaine), 7 enfants sur les 90 ayant fini le protocole ont eu une disparition complète de leur transpiration ;
- chez les enfants qui ont eu et fini 3 mois de séances, leur satisfaction moyenne est de 4,95/10 (10 étant le score maximal).
Aucune étude ne compare l’efficacité de la ionophorèse par rapport à d’autres traitements.
L’ionophorèse a été testée chez des enfants dès 8 ans. Elle diminue leur hyperhidrose, avec des effets secondaires fréquents durant les séances.

4. Les médicaments contre l’hyperhidrose chez l’enfant
Il y a quelques études sur l’enfant sur l’efficacité de certains médicaments contre l’hyperhidrose. Aucune de ces études ne compare cependant l’efficacité de médicaments comparativement à d’autres traitements (les anti-transpirants, la ionophorèse, etc) ou même au fait de ne rien faire, alors que l’hyperhidrose peut fluctuer et diminuer indépendamment d’un traitement (par exemple à cause de la saison, d’événements stressants, etc.).
L’oxybutinine
L’oxybutinine est le médicament dont l’efficacité est la mieux connue chez l’adulte souffrant de transpiration excessive. Il est aussi utilisé chez l’enfant dans certaines études.
L’oxybutynine est surtout utilisé chez l’adolescent, mais certains jeunes de moins de 14 ans ont aussi reçu des injections de toxine botulique contre l’hyperhidrose. Dans une étude publiée en 2014 qui s’est déroulée au Brésil, 45 enfants de 7 à 14 ans ont reçu de l’oxybutinine. Que nous apprend cette étude ?
- 85 % des enfants 6 semaines après le début du traitement décrivaient une amélioration modérée ou élevée de leur hyperhidrose (donc moins de transpiration), et 80 % de leur qualité de vie
- 55,5 % des enfants ont des effets secondaires (surtout, sécheresse de la bouche ; pour un enfant, somnolence).
Mais quel est l’effet à long terme de l’oxybutinin ? 59 enfants de 4 à 14 ans ont été traité pendant plus de 6 mois à l’oxybutinine contre l’hyperhidrose. Chez eux :
- 91 % avaient une amélioration modérée ou élevée de leur hyperhidrose
- 94,9 % avaient une amélioration de leur qualité de vie
- la bouche sèche était l’effet secondaire le plus fréquent.
Donc l’oxybutinine semble plus efficace si pris plus de 6 semaines chez l’enfant. Attention cependant, cela pu aussi signifier que seul les enfants atteints d’une forme sévère d’hyperhidrose ont continué le traitement plus de 6 semaines, et que donc l’oxybutinine marche simplement mieux chez les enfants transpirant beaucoup.
Cette deuxième hypothèse est la plus probable, car dans les études, les enfants ayant des scores plus élevés d’hyperhidrose sont aussi ceux qui répondent mieux au traitement par oxybutinine.
L’oxybutinine (médicament en cachet) diminue la transpiration des enfants de 4 à 18 ans, avec des effets secondaires chez la moitié d’entre-eux, principalement une bouche sèche.
Le glycopyrrolate
Le glycopyrrolate est aussi un des traitements dont l’efficacité chez l’adulte atteint d’hyperhidrose est étudiée. 12 enfants aux Etats-Unis ont été traité par glycopyrrolate, parce que leur transpiration était très abondante et qu’ils ne répondaient pas aux autres traitements (hygiène, anti-transpirants). Ils ont constaté que :
- 11 enfants sur 12 constataient une diminution de leur transpiration
- 9 sur 12 recommanderaient à un ami le médicament
- aucun effet secondaire n’a été reporté.
Le glycopyrrolate (médicament en cachet) a été testé contre l’hyperhidrose sur une dizaine d’enfants et diminue la transpiration.
3. Les injections de toxine botulique chez l’enfant
Il y a plusieurs études qui testent l’efficacité de la toxine botulique chez l’enfant et l’adolescent. La toxine botulique est injectée surtout dans les pieds, les aisselles et même les mains, pour diminuer la transpiration de ces différentes zones.
C’est en 2002 qu’est parue pour la première fois une étude testant la toxine botulique chez l’enfant atteint d’hyperhidrose, chez une jeune fille de 13 ans très génée par sa transpiration des mains.
Les injections sont testées que sur quelques enfants dans chaque étude. Les chercheurs concluent à une efficacité. Comme chez l’adulte, le traitement est à renouveler 1 à 2 fois par an pour que son efficacité perdure. Les études ne suivent pas les enfants dans le temps long mais seulement après la première injection.
Les injections de toxine botulique contre l’hyperhidrose sont testées chez quelques enfants et semblent diminuer la transpiration, tout en devant être renouvelées pour continuer à être efficaces.
4. L’opération par sympathectomie chez l’enfant
La sympathectomie thoracique pour traiter la transpiration excessive des aisselles ou des mains est pratiquée chez l’enfant dès 6 ans dans une étude menée aux Etats-Unis et publiée en 2017. Dans cette étude où la sympathectomie a été réalisée sur 28 personnes de 6 à 22 ans, le taux d’hyperhidrose compensatrice est très bas : seule 1 personne en a eu. Cela est en contradiction avec les autres études menées sur la sympathectomie, y compris chez l’enfant.
Là encore, les études publiées sont des descriptions de quelques enfants, sur lesquels la sympathectomie thoracique a été réalisée.
La sympathectomie thoracique contre l’hyperhidrose des mains et aisselles a été réalisée chez l’enfant dès 6 ans, avec une hyperhidrose compensatrice possible.

Faut-il vraiment traiter un enfant ou adolescent atteint d’hyperhidrose ?
On l’a vu, il existe des traitements qui peuvent être proposés chez l’enfant, quel que soit l’endroit de sa transpiration excessive. Comme chez l’adulte, il y a pour chacun d’entre-eux des effets secondaires possibles.
C’est rassurant de savoir qu’en cas d’hyperhidrose trop gênante, notre enfant pourra peut-être essayer ces traitements. Mais la question à se poser en amont est : en a-t-il vraiment besoin ?
Les enfants ont de grandes capacités d’adaptation. Même si l’hyperhidrose peut amener certaines moqueries de leur camarade, il n’est vraiment pas certain qu’ils en souffrent sur le moyen ou long terme. Et même sans ça, comme tous les enfants, ils et elles seront la cible de nouveau de railleries.
Peut-être que l’hyperhidrose les gène pour pratiquer du sport avec certains de leurs copains, comme l’escalade ou le judo. Mais n’est-ce pas l’occasion de découvrir d’autres sports dans lesquels l’hyperhidrose ne sera pas du tout une gêne, comme le foot, ou l’athlétisme ?
En tant que parent, on peut avoir l’impression que l’hyperhidrose doit beaucoup gêner son enfant. Mais quand on le regarde de manière objective, on peut réaliser qu’en fait, pas tant que ça. Certaines personnes mêmes atteintes d’hyperhidrose excessive n’ont pas souffert de leur transpiration durant l’enfance.
Certains parents qui ont eu de l’hyperhidrose enfant se disent aussi “je ne veux pas qu’il/elle en souffre comme j’en ai souffert”. Mais c’est leur regard d’adulte rétrospectif sur la maladie qui leur fait dire ça. Peut-être que si on les avait interrogé enfant, ils n’étaient en fait pas plus heureux ni malheureux que les autres enfants de leur âge.
J’en dis plus sur les causes et les solutions contre la transpiration excessive dans mon ebook :
Et vous, qu’avez vous décidé avec votre enfant ? Pourquoi ce choix ? N’hésitez pas à laisser un commentaire à ce sujet !
🔗 Voir aussi : transpiration entre les jambes/les cuisses chez l’enfant.

Publié par Nelly Darbois
J’ai fondé l’Observatoire de l’hyperhidrose en 2012. Mon but est de diffuser des informations plus fiables et précises sur la transpiration excessive que ce qu’on peut lire sur de nombreux sites internet, pour tenter de faciliter la vie des personnes atteintes.
Je suis aussi kiné et rédactrice scientifique pour Fonto Media, j’habite en Savoie 🌞❄️.
Je suis d’accord avec votre point de vue. Je vais essayer quelques crèmes pour mon enfant. Sa transpiration palmaire l’empêche d’écrire et de jouer à la guitare surtout quand le temps est chaud. L’hiver ces mains sont au contraire très sèches parfois. Je ne vais pas aller plus loin avec des traitements qui peuvent avoir des effets secondaires. On essayera de trouver des solutions pour la gestion du stress. Après tout, son corp est en croissance et des dérèglements hormonales (mineures ou pas) nous avons tous.
Merci pour votre retour d’expérience ; il trouvera aussi sans doute de lui-même ses propres astuces 🙂
Bien à vous,