Des étudiants en médecine et chercheurs brésiliens ont réalisé cette publication parue en 2019. Ils ont cherché toutes les études menées sur des patients atteints d’hyperhidrose plantaire ayant subi une sympathectomie lombaire. Ils en font une grosse synthèse pour avoir une vue d’ensemble sur l’efficacité de cette chirurgie de la transpiration excessive. Les patients sont-ils satisfaits de la sympathectomie lombaire ? Sont-ils moins atteints de transpiration excessive des pieds après l’opération ? Quelle est la fréquence et la pénibilité de l’hyperhidrose compensatrice ? Vous le saurez en lisant cet article.
Pourquoi étudier la sympathectomie lombaire ?
Les auteurs rappellent que la sympathectomie thoracique est utilisée pour traiter l’hyperhidrose cranio-faciale, axillaire, et palmaire. C’est-à-dire, la transpiration excessive du visage, des aisselles et des mains. Ils disent que parfois, des patients opérés par ce type de sympathectomie ont aussi vu une diminution de leur sueur des pieds.
Cependant, la chirurgie recommandée pour la transpiration excessive des pieds restent la sympathectomie lombaire. Il s’agit de la même opération, mais pratiquée plus bas dans le dos, au niveau des vertèbres lombaires (d’où son nom).
Existe-t-il beaucoup d’études sur cette chirurgie contre la transpiration excessive des pieds ?
Toutes les études publiées entre 1990 et 2017 ont été intégrées dans cette synthèse d’étude. Les études devaient être en anglais, allemand, français ou portugais et inclure au minimum 10 patients. Elles devaient concerner une opération par sympathectomie lombaire directement ou la même opération sur quelqu’un qui avait déjà eu une sympathectomie thoracique.
Seules 8 études ont été trouvées, concernant au total 517 patients atteints d’hyperhidrose des pieds (et éventuellement d’autres parties du corps en plus) et opérés par sympathectomie.
Existe-t-il différents types d’interventions ?
Deux types d’intervention chirurgicale par sympathectomie étaient pratiquées :
- sympathectomie mécanique (7 études) ;
- sympatholyse chimique (2 études).
Une étude comparait d’ailleurs ces deux types d’intervention différentes. Cette étude était randomisée, c’est-à-dire qu’on tirait au sort quelles personnes allaient être opérées par sympathectomie mécanique et quelles personnes subiraient une sympatholyse chimique.
Comment était évaluée la réussite de l’intervention ?
Comment les chirurgiens évaluaient si l’opération avaient réussi ou non ? Selon deux types de critères :
- la satisfaction du patient et sa “guérison” (entre 1 mois et 3 ans après l’opération selon les études) ;
- les complications post-opératoires et l’apparition ou non d’hyperhidrose compensatrice.
L’opération est-elle efficace contre la sueur ?
Une diminution de la transpiration a été observée chez 92 % des patients ayant eu une sympathectomie lombaire, que l’intervention soit par clip ou résection. Le niveau de l’intervention n’a pas eu de conséquence sur cette réussite (opération sur L2/L3 ou L3/L4).
Il est conseillé de ne pas toucher au niveau de L2 chez l’homme compte-tenu de cette efficacité similaire. En effet, les capacités d’éjaculation peuvent être amoindries en opérant à ce niveau. Mieux vaut donc opérer plus bas vu que les résultats sont les mêmes.
Les patients ayant eu une sympatholyse chimique ont cependant eu une moins bonne amélioration de leur hyperhidrose. Moins d’effet secondaire de type hyperhidrose compensatrice certes, mais aussi moins de succès de l’intervention, donc. De plus, ils étaient plus nombreux à dire que leur hyperhidrose revenait après 6 mois.
La sympatholyse est moins invasive que la sympathectomie, mais ces résultats suggèrent qu’elle est moins pertinente.
Les auteurs disent que l’hyperhidrose compensatrice a été peu étudiée. En effet, seuls 3 articles sur 8 s’intéressent à sa sévérité et sa localisation. L’hyperhidrose compensatrice concernait 7,5 % à 90 % des patients selon les études avec sympathectomie mécanique. Les auteurs disent qu’on a donc souvent tendance à sous-déclarer ou sous-estimer le risque d’hyperhidrose compensatrice, qui est en réalité très fréquent. Même chose pour les études sur la sympatholyse chimique : 1,5 à 34 % des patients étaient ensuite atteints d’hyperhidrose compensatrice.
Sympathectomie lombaire : effets secondaires
L’opération n’a entrainé aucun décès.
6 mois après l’opération, en moyenne, 44 % des patients avaient de l’hyperhidrose compensatrice après sympathectomie lombaire mécanique. Ils étaient 12,5 % chez ceux opérés par sympatholyse chimique. Cependant, bien moins de patients avaient eu ce dernier type d’intervention.
D’autres effets secondaires étaient reportés, bien que moins fréquents :
- des douleurs neurologiques, concernant 3 % à 42 % des patients. Elles étaient transitoires : elles ne duraient pas longtemps. Elles étaient plus fréquentes dans les études anciennes.
- des dysfonctions sexuelles, également transitoires, chez 3,3 % des patients.
Cet autre article sur la sympathectomie lombaire contre l’hyperhidrose palmaire pourrait également vous intéresser. Ainsi que cet article plus général sur les différents types de sympathectomie, et celui sur l’effet de la sympathectomie thoracique contre l’hyperhidrose des mains, ainsi qu’un autre sur l’opération contre l’hyperhidrose compensatrice.
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Référence
Cette synthèse des études parues sur la sympathectomie lombaire jusqu’en 2017 n’est pas en accès libre. Seul son résumé est accessible gratuitement et officiellement.
Lima, S. O., Santos, R. S., Moura, A. M., de O Neto, E. G., de Andrade, R. L., Valido, A. D., … & Mendonça, A. K. (2019). A systematic review and meta‐analysis to evaluate the efficacy of lumbar sympathectomy for plantar hyperhidrosis. International journal of dermatology.

Publié par Nelly Darbois
J’ai fondé l’Observatoire de l’hyperhidrose en 2012. Mon but est de diffuser des informations plus fiables et précises sur la transpiration excessive que ce qu’on peut lire sur de nombreux sites internet, pour tenter de faciliter la vie des personnes atteintes.
Je suis aussi kiné et rédactrice scientifique pour Fonto Media, j’habite en Savoie 🌞❄️.
Bonjour, merci pour ce super résumé des études. Juste une annotation: Apparement beaucoup d’études ont un défaut assez important: Elles mélangent des procédures différentes, par exemple opération au TH2 et TH3. Et même si c’est indiqué par exemple que TH3, l’échantillon n’est pas toujours homogène, parce qu’il existe différentes téchniques nommées TH3. Donc une comparaison entre les pommes et les poires.
Pourqoui ça pourrait être important? Parce que l’endroit de l’opération et la précision est apparement important, même essentiel pour le degré de l’hyperhidrose compensatrice. Peut-être ce n’est beaucoup moins une question de hasard et plus de la téchnique et précision de l’opération: http://www.chirit.com/ETS/ETS.php
Merci beaucoup pour cet apport. Effectivement, c’est un biais que je n’ai pas vu mentionné dans les articles publiés dans les revues relues par les pairs.
L’article que vous mentionnez n’apparaît pas publié dans une revue relue par les pairs, avez-vous une explication à cela ?
Merci encore dans tous les cas pour votre commentaire !
Nelly
Bonne question. L’auteur de l’article, Dr. Tarfusser, m’avait répondu a cette question quand j’étais chez lui à Meran (IT). J’essaie de citer correctement de ma mémoire : Selon lui, les revues demandent des groupes de contrôle (on dit comme ça en français?) pour les études publiées. Donc il faudrait opéré un groupe au TH3, un autre au TH2 (et peut-être un autre encore avec moins de précision). Ce qui serait, selon Dr. Tarfusser, absolument irresponsable en sachant qu’une opération au TH2 peut mener à un CS insupportable.
(pour le contexte : Dr. Tarfusser pratique l’ETS depuis environ 30 ans. Au début encore au TH2, avec quelques cas de CS grave. Depuis 2001/02 au TH3 avec une grande réduction, selon lui, de CS grave (en essaient le TH4, ce qui ne fonctionnait pas très bien ou seulement en touchant les alentours du TH4, donc le TH3).
Je ne suis pas du tout médecin, mais j’ai lu beaucoup d’article avant ma propre ETS, et le site chirit.com me semble plus précis que beaucoup d’article dans les journaux scientifiques. Mais ça reste mon opinion personel.