La communication et publicité autour du Miradry, ce dispositif contre la transpiration excessive des aisselles, est très importante sur internet. La marque est bien présente sur les réseaux sociaux et dans les médias. Des professionnels de santé font la promotion du dispositif et diffusent des informations erronées sur son efficacité. Pourtant, l’efficacité du Miradry est limitée et coûteuse. Surtout, des effets secondaires graves possibles existent. Cet article fait le point sur ces effets indésirables graves.
Comment s’est-on aperçu du risque d’effet secondaire grave ?
Avant d’être mis sur le marché, un dispositif médical doit être accrédité. La réglementation est différente selon les régions du monde. En France, ces dispositifs obéissent à la législation française et européenne.
Les fabricants doivent avoir réaliser au moins un essai clinique évaluant la fiabilité et l’efficacité du dispositif médical. Ces études peuvent permettre de mettre en évidence des effets secondaires mineurs ou plus graves.
Une fois mis sur le marché, les professionnels de santé utilisant le dispositif peuvent publier de nouvelles études sur l’efficacité ou les risques du dispositif. Lorsqu’un patient est atteint d’un événement indésirable important et non décrit dans la littérature, il est d’autant plus important de communiquer à ce sujet. C’est ainsi que 2 équipes différentes de chercheurs et professionnels de santé ont publié les deux études décrites ci-dessous. Elles présentent les cas de 2 patients ayant connu chacun des effets indésirables graves suite à l’utilisation du Miradry.

Premier effet secondaire décrit : paralysie transitoire du nerf médian et ulnaire
Un homme de 32 ans souffrait d’hyperhidrose axillaire. Une anesthésie locale a été réalisée sur lui afin de réaliser une séance de Miradry avec la plus faible intensité possible (niveau 1, 2,4 secondes).
Juste après le traitement, le patient a ressenti :
- un engourdissement et une faiblesse dans le pouce et l’index de la main gauche durant plus de 6 mois ;
- l’impossibilité de lever son bras à plus de 90° durant 10 jours.
Les médecins l’ayant ausculté ont constaté une perte de sensibilité et de force dans les territoires du nerf médian et ulnaire. Ce sont des nerfs descendant le long des bras et passant dans l’aisselle, au niveau du plexus brachial, là où le Miradry est appliqué.
Le patient a suivi des séances de kinésithérapie deux fois par semaine durant 6 mois pour retrouver l’usage normal de son membre. Au bout d’un an, le patient avait encore une perte musculaire visible au niveau de la main, mais il avait retrouvé l’usage de son bras et de sa main.

Second effet secondaire décrit : lésion bilatérale du plexus brachial
Ce deuxième effet secondaire important reporté dans la littérature est plus grave. Il concerne cette fois une femme de 49 ans, mince et active. Elle a reçu une anesthésie locale puis un traitement par Miradry au niveau des deux aisselles. Dès l’injection d’anesthésiant, elle a ressenti des douleurs électriques dans le petit doigt et l’annulaire de la main droite.
Elle a par la suite souffert d’une lésion bilatérale du plexus brachial avec des signes d’œdème sous-cutané graves. Tous ces muscles de ses deux bras et avant-bras ont été atrophié et dénervés. En pratique, cela signifie qu’elle n’avait plus de mobilité et de sensibilité dans cette partie du corps.
Huit mois après le traitement par Miradry, elle avait récupéré une force significative au niveau du bras gauche, mais pas à droite.
L’explication donnée par les médecins est que le Miradry a lésé en les brûlant les nerfs axillaires, qui étaient très proches de la peau compte-tenu de la corpulence mince de la patiente.

Quelle expérience tirée de ces deux cas d’effet secondaire ?
Les chercheurs font l’hypothèse que des personnes minces et les hommes ont plus de risque d’avoir une lésion nerveuse suite à l’utilisation du Miradry. Car les hommes et les personnes minces ont moins de graisse au niveau des aisselles que les personnes en surpoids ou obèse et que les femmes.
Ils recommandent donc d’utiliser une intensité la plus faible possible chez les personnes de sexe masculin ou chez les individus minces. Cependant, cela n’empêche pas à coup sûr le risque de paralysie puisque l’intensité la plus faible possible avait été utilisé avec le patient trentenaire atteint de paralysie.
En pratique : que retenir du risque d’effet secondaire avec le Miradry ?
Les autres traitements proposés contre l’hyperhidrose ont aussi des effets indésirables plus ou moins graves. La chirurgie de l’hyperhidrose, appelée sympathectomie, peut notamment occasionner de manière exceptionnelle le même type d’effet secondaire.
Cependant, le recul que l’on a sur la chirurgie est beaucoup plus important que le recul que l’on a sur le Miradry. Les opérations sont pratiquées depuis plusieurs décennies. Les techniques ont évolué. Surtout, il y a beaucoup plus d’études qui ont testé la sûreté et l’efficacité de la sympathectomie. Alors que les études sur le Miradry sont peu nombreuses. En octobre 2020, une nouvelle publication informe d’un autre effet secondaire possible du Miradry : l’apparition d’une maladie chronique de la peau. En juillet 2021, une influenceuse de 23 ans meurt juste avant l’utilisation du Miradry, lors de l’anesthésie locale.
En pratique, donc, il est intéressant de peser soi-même ou avec son professionnel de santé la balance bénéfice-risque dans son propre cas. La réponse à la question “Dois-je prendre le risque (rare) d’avoir une paralysie au regard des bénéfices que je peux attendre du Miradry ?” est éminemment individuelle.
Voir aussi : Miradry mains.
Si vous avez besoin de faire le point avec moi pour identifier les solutions contre l’hyperhidrose les plus pertinentes pour vous : je propose des téléconsultations.
Si vous souhaitez simplement être mis au courant de la parution des nouveaux articles sur l’hyperhidrose :
Références
Les études ne sont malheureusement pas en accès libre. Seul le résumé de l’une d’entre-elles est directement consultable.
Puffer et al. Bilateral brachial plexus injury after MiraDry® procedure for axillary hyperhidrosis: a case report. World Neurosurg. 2019 Jan 28. Résumé.
Suh et al. Transient median and ulnar neuropathy associated with a microwave device for treating axillary hyperhidrosis. Dermatol Surg. 2014 Apr;40(4):482-5. Résumé.